Lands of Lore – The Throne of Chaos

Le monde est en péril : la sorcière Scotia vient de trouver le Nether Mask. Avec ses nouvelles habiletés, elle peut se métamorphoser en corbeau, en lézard ou en porte-parole de l’Oréal Paris. Face à cette menace émergente sur le royaume de Gladstone, le roi Richard vous somme de lui quérir le Ruby of Truth, unique McGuffin capable de contrer les pouvoirs de l’enchanteresse.

Ainsi commence Lands of Lore – The Throne of Chaos, l’hybride aventure-RPG du développeur Westwood Studios. Empruntant les sentiers parcourus par la série Quest for Glory de Sierra, le studio américain propose sa propre version du jeu de rôle et du pointer-cliquer. Léger, mais avec quelques écueils…

Au départ, le joueur aura le choix entre quatre quidams représentant chacun une classe bien connue de l’univers Dungeons&Dragons : magicien, guerrier, voleur et homme-à-tout-faire (pour les amoureux du ceteris paribus). Ce héros-en-devenir sera éventuellement rejoint par d’autres compagnons aux compétences, forces et faiblesses variables.

Du point de vue RPG, c’est du tout cuit ou du réchauffé selon la sensibilité de votre expertise. Trois petites barres, reflétant les classes susmentionnées, se rempliront au fur et à mesure que vous exercerez votre personnage dans une discipline bien précise. Le maniement des armes et haches forge l’âme des guerriers et assure des victoires rapides sans anicroches. L’apprivoisement des arcs et des arbalètes flatte le voleur qui sommeille en vous et garantit un crochetage rapide des serrures les plus capricieuses. Enfin, la pratique régulière des sorts affute leur puissance à travers le temps et maintient un support vital en terme d’offense et de défense.

Conrad – La Bonne du Moyen-Âge

Outre cet entraînement plutôt terre-à-terre, les autres éléments meublant la définition du RPG se manifestent peu. Vous trouverez bien une taverne ou une bicoque ici et là pour faire du marchandage, mais les coffres et les cadavres seront vos principales sources d’approvisionnement en matière d’équipement. Un équipement dont la qualité par ailleurs ne vous fera pas réfléchir longtemps. Une armure ou une épée qui augmentent vos points de protection ou d’attaque sera nécessairement à garder. Vite fait, bien fait.

L’inventaire, partagé par toute votre troupe, est constitué d’une cinquantaine de cases. Cela peut paraître limité, mais à moins d’être atteint de syllogomanie, il est assez facile de faire la part des choses et de se débarrasser des objets inutiles. Les soins sont fournis via le sommeil et des onguents. Cette deuxième option se verra cependant rapidement substituée par la magie. Pour ce qui est des colliers et des amulettes, certains viennent avec des facultés uniques, mais encore une fois ceux-ci se comptent sur les doigts d’une main.

Finalement, Lands of Lore proposera parfois des choix de réponses face à l’apparition d’un PNJ demandant votre aide. À vous de prêter main forte ou de l’envoyer paître. Point de danger pour votre réputation si vous décidez de lui fendre le crâne en deux le temps d’un LOL.

Une gestion d’inventaire aux exceptions faciles à gérer

Bref, la partie jeu de rôle n’est pas tant simpliste que simple dans sa conception. Les développeurs ont voulu atténuer une certaine complexité afin qu’un joueur lambda puisse y trouver son compte sans les connaissances pré-requises du genre. Il aura après tout beaucoup à faire puisque la recherche du Ruby of Truth se verra aussi accompagnée de la préparation d’un élixir dont les ingrédients ne seront pas faciles à trouver.

C’est ici que la portion pointer-cliquer entre en scène. Lands of Lore se divise grosso modo en trois chapitres sous-entendus : l’introduction sert en quelque sorte de tutoriel pour apprendre le b.a-ba des mécanismes. La deuxième partie, assurément la plus longue et la plus ardue, présente plusieurs obstacles dont les réponses demeurent floues et où les indices sont minimes, voire inexistants. Vous n’aurez que votre intuition pour déterminer la suite de certains événements. En bon petit élève de l’école Sierra, Westwood va même jusqu’à inclure la possibilité d’impasses où l’aventurier novice se trouvera bloqué pour de bon. Un objet malencontreusement oublié ou le saut d’un dialogue clé est si vite arrivé. Et bien que certaines séquences peuvent être résolues avec beaucoup (BEAUCOUP) de va-et-vient, d’autres finiront indubitablement dans les limbes sans la présence d’une sauvegarde antérieure. De ce fait, la conclusion face à la redoutable Scotia peut être soit une promenade dans un parc ou une confrontation tirée par les cheveux selon votre instinct de déduction (ou la lecture d’un solutionnaire sur le net).

Vous pouvez tout aussi bien balancer le McGuffin dans les marécages. Bonne chance pour finir le jeu après…

La critique envers Lands of Lore se fera par conséquent en fonction de votre niveau de patience et de tolérance pour l’ambiguïté. Du reste, la présentation est assez nickel. Le cadre de l’aventure est extrêmement diversifié : bois, cavernes, mines, tours, donjons, villes. Chaque lieu vient avec ses propres couleurs, sa propre histoire visuelle, son propre bestiaire. Et la musique charmante de Frank Klepacki contribue à rehausser leur beauté, leur frayeur, leur intimidation. L’atlas magique, objet vital pour s’orienter sans perdre le nord, constitue également une belle addition. Enfin, les personnages viennent dotés de très bonnes performances vocales. D’ailleurs, Lands of Lore ne s’est pas privé, avec raison, de mentionner sur sa boîte que le roi Richard est interprété par nul autre que le légendaire acteur britannique Patrick Stewart.

Expérience de bon ton pour son époque, Lands of Lore – The Throne of Chaos détonne par l’aisance de sa jouabilité et ce en dépit d’un système de déplacement assez archaïque. Et si les puzzles à la King’s Quest peuvent parfois être confondants, on ne peut pas dire qu’ils vont jusqu’à ruiner l’ambiance. Du moins pas autant que dans le premier Legend of Kyrandia

Patrick Stewart, c’est bien, mais la vedette du jeu, c’est lui : Baccata le Thomgog, avec sa voix suave à la Sean Connery (Jason Buchanan)

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