Pathaan

BOUM – CRACK – ZIP – RATATATA – ALOUETTE

Si en Corée du Sud, on court les festivals de renommée pour se désaltérer l’esprit, en Inde, on se rassasie la testostérone. 

Cela fait maintenant quelques années que le blockbuster indien a le vent dans les voiles. Affaibli par une crise d’adolescence qui n’en finit plus, son homologue américain s’essouffle en raison d’un réalisme suffocant flanqué d’un montage rébarbatif.  Pas de quoi doper son adrénaline. À l’inverse, le sens du spectacle bollywoodien, tollywoodien et autres bois d’œuvre trouvant racine en Asie orientale, séduit par son rythme méticuleux et ses cascades méthodiques. De ce fait, n’importe quel scénario aseptisé se trouve prêt à être avalé sans procès du moment que l’action, claire et nette, arrive à afficher ses beaux atours. Le succès de RRR l’année dernière en est la preuve irréfutable.

Pathaan ne fait pas exception. Ce volet, quatrième dans un multivers intitulé le YRF Spy Universe, met en scène tout ce que le cinéma de Uncle Sam faisait de mieux dans les années 80-90 : un méchant badass, que l’on croyait mort, refait surface et réclame des concessions territoriales. Sans quoi, il lâchera une arme de destruction massive sur « la ville ». Son obstacle : un gentil badass qui, au nom de la préservation nationale, est bien décidé à botter le cul à ce vil terroriste et à sa bande de mercenaires qui tirent mal.

À tout cela, on mélange une recette vieille comme le monde : une femme fatale, une trahison double (voire quadruple), un voyage dans les quatre coins du globe, des poursuites en auto, de la course à motocyclette sur la neige, du patin, du parachutisme urbain. 

YA. 

FUCKIN. 

TOUTE. 

(sti)

Les personnages ne se gênent pas pour montrer leurs six packs sous tous les plans possibles. Un autre atout que Hollywood, même à l’époque, avait de la misère à mettre en scène : des corps mâles super calibrés et filmés de façon neutre. Sans gêne ni blessure à l’amour-propre hétéro. L’athlétique de ses messieurs respire la même dominance alpha que les courbes sinusoïdales de ses dames.

Pour ce qui est des références aux autres films du multivers, elles s’incrustent heureusement en catimini. Au fait, si cette dégénérescence cérébrale devait afficher un point véritablement noir, ce serait cette fièvre patriotique aux allures de propagande qui sied si bien au genre. De quoi faire grincer des dents quelques gauchistes locaux férus de politique indienne. Que voulez-vous? Il faut bien que les impôts servent à quelque chose ma bonne dame…

Loin d’égaler RRR dans sa bonhommie (seulement deux scènes de danse somme toute assez classiques), Pathaan reste malgré tout un divertissement hyper millimétré et magnétique. Le blockbuster indien marche sur une frontière qu’il ne cesse constamment de repousser. Le genre peut en ce moment compter sur son incontestable talent :  rentabiliser le temps de son public. Grand bien lui fasse. Il en aura besoin pour ne pas atteindre le point de saturation trop rapidement.

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